Par Hakim Laâlam
Ouyahia appelle le gouvernement à la prudence. Il devrait plutôt l’appeler à…
…travailler !
Laïdouni, président du syndicat des magistrats, s’insurge contre les propos du bâtonnier Sellini qui affirmait l’autre jour que les juges algériens ne sont pas indépendants. Si Djamel dément formellement ces allégations et jure sur tout ce qu’il a de plus cher, son mobile, que les juges algériens sont libres. Tout à fait libres. Complètement libres. Qui oserait dire le contraire de Si Djamel ? Vaste question à laquelle on peut apporter des réponses très précises : une personne qui aurait deux ans et plus à perdre entre quatre murs. Une personne qui a compris très tôt que lorsque le régime affirme qu’il laisse «le champ libre aux juges», il fait allusion au champ de réception des appels. Une personne qui est convaincue qu’il est temps de faire contrôler la balance accrochée au-dessus du juge par l’office national de surveillance des instruments de pesée et de mesure. Une personne qui se chope un fou rire, des convulsions et des crampes aux zygomatiques à chaque fois qu’elle entend prononcer «la cour !». Une personne qui est prise par l’envie furieuse d’avaler un bidon de 5 litres de Primperan dès qu’elle entend cette phrase : «La justice est rendue au nom du peuple.» Une personne qui a une irruption cutanée et des allergies sévères à chaque fois qu’on l’invite à faire confiance en la justice de son pays. Une personne qui fait un pic de tension lorsqu’on lui jure que la justice est sereine. Une personne qui souffre de vertiges à chaque fois qu’on balance devant elle cette sentence : «Nul n’est au-dessus de la loi !» Une personne qui avale un tube d’analgésiques, une plaquette d’antiinflammatoires et une boîte de pansements gastriques à chaque fois qu’elle entend dire que la «justice est la même pour tout le monde». Voilà le profil des personnes qui oseraient dire le contraire de ce que dit Laïdouni. Les autres, toutes les autres personnes sont d’accord avec lui. Et toutes ces personnes qui ont en commun d’être d’accord avec Si Djamel sur la question de l’indépendance de la justice partagent entre elles un autre point commun : elles n’ont pas deux années ou plus à perdre entre quatre murs. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.