Les harraga s'invitent au Conseil des ministres C’est à partir d’aujourd’hui, dimanche, qu’Abdelaziz Bouteflika entame
ce qu’il convient d’appeler son «plan d’urgence», pour achever plus ou
moins «correctement» son deuxième mandat.
Kamel
Amarni - Alger (Le Soir) - Comme nous l’annoncions dans ces colonnes,
Bouteflika a décidé de bousculer l’agenda institutionnel et fera
désormais alterner les réunions du Conseil de gouvernement avec celles
du Conseil des ministres. C’est donc aujourd’hui que se tiendra la
première réunion du Conseil des ministres de cette nouvelle ère. Pour
cette entame, Bouteflika a programmé à l’ordre du jour trois points
brûlants, essentiellement : le fléau de l’émigration clandestine que
l’on appelle communément «harraga», la loi d’orientation sur la santé
publique et, surtout, le très sulfureux «dossier de la politique
agricole». Lors de la dernière session du Conseil des ministres,
Bouteflika avait, pour rappel, tout bonnement rejeté en bloc «le
dossier de la politique agricole», présenté par le ministre de
l’Agriculture Saïd Barkat, lui enjoignant sèchement de «tout refaire» !
Il faut dire en effet que «la politique agricole », qui a déjà
bénéficié de deux gigantesques fonds spéciaux, fait plus parler d’elle
dans les rubriques «scandales » financiers et judiciaires de la presse
nationale qu’elle n’en a réellement boosté un secteur en crise. Les
affaires GCA (Générale des concessions agricoles) et de la société
écran El Karama d’El-Oued donnent un aperçu sur l’étendue des dégâts.
Aussi la hausse générale et pratiquement irréversible des prix des
produits agroalimentaires est le signe extérieur le plus fiable quant à
l’échec de la politique agricole en cours. Saïd Barkat réussira-t-il
son examen de «rattrapage» aujourd’hui ? La même interrogation concerne
Amar Tou, le ministre de la Santé, qui, également, a été l’objet de la
colère présidentielle lors du dernier Conseil des ministres. «Aucun
hôpital ne fonctionne normalement dans ce pays, a lancé en effet
Bouteflika au cours de la même réunion... sans raison apparente ! La
pique à Amar Tou était lancée en effet alors que Bouteflika commentait
le dossier ... jeunesse et sport ! Sur un autre plan et comme largement
«introduit» par les sujets traités par les médias publics et une
offensive du gouvernement sur le terrain, le dossier de l’émigration
clandestine accaparera une bonne partie des travaux du Conseil des
ministres où il est attendu la présentation d’un exposé à ce propos par
le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et des Collectivités
locales, Bouteflika, dont l’ambition est de se succéder au-delà des
deux mandats que lui permet la Constitution en vigueur, est, pour ainsi
dire, engagé dans une course contre la montre. «Cette dernière année,
c’est en fait celle d’un bilan général depuis l’accession du président
au pouvoir en 1999. Et ce sera ce bilan qui servira de propulseur pour
un troisième mandat». Ce commentaire- révélation est d’un membre
influent de l’entourage présidentiel.
K. A.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2008/04/13/article.php?sid=66848&cid=2