« Hyper sympas », ces parasites !
Ecologie Les chercheurs ont trouvé dans les intestins des requins de véritables « appareils détoxifiants » vivants : des vers. Les métaux lourds n’ont qu’à bien se tenir, ils vont désormais être surveillés de près…
Dans la revue Parasitology, une équipe de chercheurs dirigés par Kenneth MacKenzie, parasitologue à l’Université d’Aberdeen (Ecosse), raconte son étonnante découverte : des vers parasites dans le ventre des requins… Mais attention, pas n’importe quel genre de vers ! Ces vers là ont la particularité d’absorber de fortes doses de métaux lourds, des substances toxiques, y compris pour les squales bien sûr.
Les métaux lourds proviennent de la pollution, résultat du rejet en mer de nos déchets industriels. Sur les côtes, certains organismes marins, filtreurs en particulier - comme les coquillages - les accumulent dans leurs tissus. A ce titre, ils sont précieux aux biologistes car ils leur servent d’indicateurs des degrés de pollution (on parle de bioindicateurs).
D’où cette idée des parasitologues : pourquoi ne pas utiliser ces vers comme bioindicateurs de la pollution en haute mer ? En effet, nous n’avons encore aucun indice de ce genre concernant le large. Les chercheurs ont prélevé les parasites intestinaux (Anthobothrium sp. et Paraorigmatobothrium sp.) en pratiquant des dissections sur 16 requins à joues blanches (Carcharhinus dussumieri) prélevés dans le Golfe Persique.
Ils ont ensuite comparé la teneur en cadmium et en plomb - deux métaux lourds - dans les tissus des requins et dans les parasites. Les chiffres obtenus sont stupéfiants : les vers présentaient des concentrations en métaux lourds 278 à 455 fois plus élevés que dans les tissus des requins ! Pour les parasitologues, il y a fort à parier que les vers ont ainsi un effet protecteur sur l’organisme des requins, leur évitant une contamination plus importante encore. Une hypothèse qui reste à approfondir…
Source : Parasitology